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Parentalité positive : Fixer des limites c’est bien ?

On entend souvent dire qu’un enfant a besoin d’un cadre et de limites pour évoluer en toute sécurité et à vrai dire, moi-même je prône cette idée. Mais est-ce à juste titre ? 

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un post sur le site Quora qui remettait en cause le fait de fixer des limites.  Plutôt bien argumenté, l’auteur disait qu’en effet fixer des limites à un enfant c’était en fait imposer à l’enfant un style de vie en fonction de ce que le parent se sentait ou avait envie de gérer. Il expliquait que fixer des limites c’était égoïste et que cela ne prenait pas en compte les besoins et les envies de l’enfant. Pro parentalité positive, je me suis dit que si tout le monde suivait ce qu’il disait, le laxisme prendrait plus de place que la bienveillance. Ce type de discours est généralement apparenté à une personne qui a eu une rude enfance ainsi qu’une éducation stricte. 

Avait-il tort ou raison ? Je pense que chaque personne a le droit d’interpréter la vie à sa manière alors je ne dirais pas qu’il avait tort au contraire. Son point de vue apporte en réalité une très belle nuance au fait de fixer des limites aux enfants.

 

Voyons cela de plus près :

Généralement, quand des parents ou des personnes en charge d’enfants se mettent à se renseigner sur la parentalité positive, les interprétations se font multiples. Les deux extrêmes apparaissent : Laxisme totale pour un enfant roi, libre et “heureux” et l’autorité avant tout pour un enfant droit, parfait et obéissant car les parents préfèrent reproduire les schémas qu’ils ont appris via leur propre éducation et croient que la parentalité positive est du laxisme. Les extrêmes quand ils sont atteints ne sont jamais positifs mais trouver le juste milieu ce n’est pas évident.

 

Mais alors, comment trouvez l’équilibre ?

L’enfant a besoin d’un cadre et de règles pour évoluer en sécurité mais également d’autonomie et de liberté pour se construire en tant que personne à part entière. 

Les limites servent à préparer l’enfant à sa vie d’adulte. On lui inculque via celles-ci que les besoins des autres comptent eux aussi et on lui apprend à vivre avec les autres. Elles permettent aussi à l’enfant de prendre conscience des dangers et des interdits de la vie.  Structurantes et rassurantes, l’enfant apprend et se prépare à vivre dans notre société.

 

Malgré les bienfaits de la pause de limites, certains parents sont réticents à l’idée d’en fixer :

  • ils ont peur de ne plus être aimer par leur enfant si ils leurs disent non
  • ils n’ont pas envie d’avoir le mauvais rôle s’ils sont trop stricts
  • en cas de séparation, ils ne veulent pas entacher le peu de moment qu’ils ont avec leur(s) enfant(s)

 

Pourtant, l’enfant a bel et bien besoin de vous pour prendre conscience que la vie est fait de renoncements, de difficultés et que l’on ne peut pas toujours tout avoir. Sinon, arrivé à l’âge adulte, il risque d’être déboussolé et de passer son temps à être déçu. Oui, la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais bien une aventure composée de hauts comme de bas !

Fixer des limites est donc primordial mais avec limites justement. La première société dans laquelle l’enfant évolue étant la famille, elle ne devrait pas ressembler à un régime de dictature et devrait malgré tout permettre à l’enfant de se sentir libre d’exprimer ses envies, ses besoins et donc sa personnalité. Imposer à l’enfant qui il doit être, ce qu’il doit faire et ce qu’il doit penser en usant d’innombrables règles risquerait de le plonger dans un profond mal être. Ne pas pouvoir être soi-même engendre beaucoup de souffrances et si on découvre une fois parti du cocon familiale qu’en fait on a jamais été soi-même c’est encore pire.  

L’enfant devenu grand peut alors avoir des comportements à risque dans le but de trouver qui il est vraiment, ce qu’il attend de la vie et de lui-même. 

 

L’autoritarisme a d’autres inconvénients : 

  • L’enfant peut éprouver un gros manque de confiance en soi du fait que sa vie est basée sur le fait de respecter les règles et les recommandations de ses parents. Il n’apprend donc jamais à réfléchir par lui-même et à être responsable. Cela risque de le vouer à toujours attendre l’approbation des autres, à ne pas réussir à prendre des initiatives affectant ainsi ses relations sociales, professionnelles et familiales.

 

  • L’enfant systématiquement gronder ou ayant la peur systématique de l’être peut développer un stress permanent modifiant ainsi son comportement. Avec l’âge, peuvent même apparaître des troubles obsessionnels, paranoïaques ainsi qu’un comportement narcissique ou sadique. 

 

  • Un enfant vivant sous l’autoritarisme de ses parents peut également se montrer agressif ou à l’inverse faible. S’il se montre agressif, c’est parce qu’ils reproduisent le même comportement que vous avez avec lui, avec vous et parfois même avec les personnes extérieures au cocon familial. S’il se montre faible, c’est parce que soumis à vous, ils sont impuissants et se mettent en tête que pour plaire et être aimer, ils doivent subir et faire tout ce qu’il faut pour répondre aux attentes des autres. 

 

En somme, l’autoritarisme crée en vos enfants d’innombrables peurs et croyances limitantes. Ils ont besoin d’un cadre et de limites certes mais dans une juste mesure. Leur liberté d’être, d’exister et de développer leur propre personnalité ne doit pas être mis à mal. 

 

Quels sont les risques du laxisme ?

Etre laxiste c’est être indulgent et tolérant de manière excessive. Les parents qui pratiquent le laxisme sont souvent issus d’une famille dans laquelle ils étaient plutôt élevé à la dure (autoritarisme) et souhaitent éviter à leurs enfants de vivre la même enfance qu’eux. 

Souvent, ils n’ont pas conscience que le laxisme ne permet pas à l’enfant de comprendre comment fonctionne le monde et notre société et ne peut donc être prêt à vivre dans celle-ci. L’enfant qui reçoit ce type d’éducation a des difficultés avec le sentiment de frustration. C’est-à-dire que si ses besoins ne sont pas satisfaits de manière adéquate et suffisamment rapide, il peut se sentir très mal et entrer en conflit avec son entourage. En effet, de part l’absence de frustration dans son quotidien familial, il n’a pas pu apprendre que la vie est faite de concessions. 

Une éducation laxiste rend également l’enfant incapable de résoudre des situations compliquées par lui-même car ils ont l’habitude que leurs parents fassent tout pour eux. 

En grandissant, un enfant élevé de manière laxiste voire permissive peut se montrer incontrôlable voire même tomber dans diverses addictions. En effet, n’ayant jamais véritablement eu de cadre et des règles à suivre, l’enfant a du mal à accepter et respecter les règles qu’on lui impose en dehors du milieu familial. Il n’est pas armé pour accepter la réalité de la vie et ses difficultés et cela peut également lui faire ressentir qu’il n’est pas accepté dans la société et se sentira trop différent des autres. De ce fait, un sentiment d’insécurité pourrait se développer ce qui le rendrait dépendant de son entourage. 

N’ayant jamais réellement été préparé à la réalité, l’enfant peut aussi voir apparaître de nombreux échecs au cours de sa vie. Cela engendrant un mal être encore plus important chez lui dont il sera difficile de se défaire.

 

L’éducation bienveillante et positive :

L’éducation bienveillante et positive est quand à elle, lorsqu’elle est utilisé de la bonne manière, le juste milieu entre l’autoritarisme et le laxisme.

En effet, ce mode d’éducation veut faire de l’enfant un adulte épanouie, autonome et responsable. Il s’agit de prendre conscience que l’enfant aussi a des besoins, des désirs et des émotions. La seule différence avec l’adulte réside dans le fait qu’il n’a pas encore fini de se développer et qu’il a besoin de l’aide de ses parents pour grandir et apprendre à en devenir un.

Si par exemple, nous prenons en compte que jusqu’à l’âge de cinq ans le cortex orbito-frontal de l’enfant est immature et que celui-ci permet de gérer ses émotions, de prendre des décisions et d’avoir une pensée empathique, il devient tout à fait normal de l’aider à apprendre à gérer ses émotions ainsi qu’à vivre et comprendre les autres en lui montrant comment faire.

En effet, lui fixer de multiples règles, lui crier dessus et tout ce qui pourrait être mis en place pour lui faire comprendre que ses comportements ne sont pas adaptés ne serviraient à rien puisqu’il lui sera impossible de réellement comprendre ce que vous attendez de lui. Il finira par agir par peur des représailles plutôt que par réel compréhension des principes de vie.

Pour éviter cela, il est donc nécessaire de faire preuve d’empathie envers lui et d’user de bienveillance pour l’aider à atteindre la maturation de ce cortex de manière saine et avec des outils qui lui permettront de finalement réussir à gérer ses émotions et de réussir à avoir des pensées empathiques pas parce qu’il le faut mais parce que c’est normal d’être ainsi. 

D’autre part, le fait que les enfants ne soient pas des mini-adultes induit que ceux-ci ne réfléchissent pas comme nous et sont incapables jusqu’à un certain âge d’avoir un comportement négatif dans le but de nous tester ou de nous mettre à bout. C’est pourquoi il est important de bien retenir que les crises n’existent pas dans la petite enfance. Il s’agit en réalité de tempêtes émotionnelles que les tout-petits ne peuvent réussir à gérer sans votre aide. Ils ne savent pas gérer leurs émotions et étant dépourvus de pensées empathiques ils ne peuvent pas se dire “mince, si je crie comme ça, ça va embêter Maman alors je vais rester calme”. Au contraire, une émotion est vécu comme un orage en eux et ils paniquent. Leur “crise” est en réalité un appel à l’aide pour réussir à se calmer car tout seul, ce serait impossible. 

Malgré tout, l’enfant a besoin de limites. Cela signifie que même s’il n’est pas encore apte à se gérer, il ne faut pas non plus le laisser penser que son comportement est acceptable sous peine de le voir récidiver mainte et mainte fois. 

La solution ? L’accompagner dans la gestion de son émotion, l’aider à l’identifier et lui donner des outils pour un retour au calme. Lui expliquer que son comportement n’est pas adapté fait parti intégrante de l’éducation positive et bienveillante. Vous lui donnez une clé en lui expliquant cela. Il vous faudra certainement beaucoup vous répétez au début, mais le combo composé de l’accompagnement de l’enfant, du don d’outils et de clés permettra au fur et à mesure à votre enfant de mieux se comporter en cas de tempête émotionnelle. 

Ne pas sanctionner ses enfants pour une crise est important dans l’éducation bienveillante. Comme expliqué juste avant, ce n’est pas dans le but de vous faire du tort qu’il agit de telle ou telle façon mais bien de manière spontanée et non réfléchi. Si vous le punissez au lieu de l’aider, non seulement la situation s’envenimera mais en plus il ne comprendra pas. Il a besoin de votre compréhension et de votre soutien. L’envoyer dans sa chambre ou faire comme si vous ne le voyez pas pour qu’il se calme lui fera penser que ses émotions ne sont pas importantes, qu’il ne l’est pas non plus et qu’il est seul pour gérer ces moments très pénibles à ses yeux. 

L’éducation positive et bienveillante c’est donc accompagner et accepter son enfant dans son entièreté sans le juger mais aussi fixer des règles à ne pas transgresser. Celles-ci doivent être adaptées à son stade de développement et donc à son âge et à ses capacités.  

Cette forme d’éducation permet à l’enfant de développer de l’autodiscipline, le respect de soi et des autres, l’estime de soi, le sens des responsabilités, la bienveillance, l’empathie, l’autonomie et la capacité à résoudre des problèmes. 

 

En somme

Aucune éducation n’est parfaite et un enfant n’est jamais livré avec un manuel alors chaque parent essaye de faire au mieux et avec ce qu’il a pour l’éduquer. Cet article vise simplement à mettre en lumière les avantages et inconvénients des trois principales façons d’éduquer dans le but de vous aider à choisir ce qui correspond le plus à votre vision. 

 

Et vous ? Quelle éducation pratiquez-vous ? 

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